Publié par Yanis

Les Ténèbres

Dans les caveaux d’insondable tristesse
Où le Destin m’a déjà relégué ;
Où jamais n’entre un rayon rose et gai ;
Où, seul avec la Nuit, maussade hôtesse,


Je suis comme un peintre qu’un Dieu moqueur
Condamne à peindre, hélas ! sur les ténèbres ;
Où, cuisinier aux appétits funèbres,
Je fais bouillir et je mange mon cœur […] 

 

Charles Baudelaire, XXXVIII - Un Fantôme, Les Fleurs du mal (1857)

Personnification des Ténèbres, représentées sous des traits humains © Yanis

 

Ténèbres

 

Seul le linceul me recouvre, loin des affreux ;

Mes grandes Ténèbres sont belles d'un doux parfum.

Où vais-je comme-cela ? Je cours vers ma fin,

Revoir le quotidien d'un passé insoucieux !

 

Le cœur léger, tel l'océan calme sans berge,

En des profondeurs semblables à de longues dunes,

Je m’endors un instant sur le fief de Neptune,

Noyé dans les Ténèbres sans fins, je m’immerge !

 

Mais quand reverrai-je enfin la lueur de tes yeux ?

Seulement dans un avenir ma foi lointain,

Où les séraphins expieront nos cœurs vilains ;

Qu'ils rendent à nos âmes un chant mélodieux !

 

Tag(s) : #fleurs du mal, #1G2
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