Publié par Jolan

[…] L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes,
Projette l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l’âme au-delà de sa capacité.


Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers ;
— Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord,
Et, charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort !

Charles Baudelaire, Le Poison, Les Fleurs du mal (1857)

Tout plaisir, comme tout air, est empoisonné © Jolan

 

Plaisirs Empoisonnés

 

Mon cœur étant criblé de mille et une aiguilles,

Il se devra d’être guidé de précautions

Pour ne jamais se noyer dans l’addiction

De ton visage utopique quand tu souris !

 

Le cépage revêtu d’un rouge ensanglanté

Telle la houppelande des preux chevaliers, 

Comme eux ! je goûte au plaisir, la chasteté…

Afin de ne pas sombrer dans la volupté !

 

Comparable au goût amer d’un ancien rogomme

L’attrait pour sa beauté, tel un spiritueux ;

Ô le désir d’une femme m’est capiteux

Et malheureusement rend mortels tous les hommes !

 

La blanche, celle qui engourdit tous mes sens,

Approfondit le temps d’un parfum enivrant,

Me donne pour elle un terrible entichement :

L'infâme crée l'incontrôlable dépendance !

 

Là où mon âme tremble de nombreux remords,

En de hauts cieux où tous éprouvent le vertige,

T’avoir adorée est l’univers qui m’afflige

S’ouvre alors le temps qui aboutit à la mort !

 

Tag(s) : #fleurs du mal, #1G2
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