Publié par Nohan B.
Vingt-quatre champions du jeu national
Sur le pré lumineux se sont formés en ligne ;
Coup de sifflet : la joute encore que bénigne
Accuse à chaque instant un effort plus brutal.
Les fronts sont empourprés, les crosses font du mal.
Sur les bancs de l'estrade une foule trépigne,
S'exalte, acclame, rit, vocifère, s'indigne,
Et quand tombe un jouteur, lance un cri guttural.
Les athlètes rivaux se poursuivent, s'évitent,
Le sang s'échauffe et bout, les bras levés s'excitent.
— Sous un coup traître, un des hommes s'est écrasé.
Du sport ? Tous les aïeux rugissent face à face.
Et sur les durs gradins et sur le champ rasé
Flotte l'acre senteur d'une haine de race.
Alphonse Beauregard, « Sport », Les Forces (1912)
L’idéal que l’on peut espérer atteindre grâce au sport © Nohan B.
Le sport baudelairien
Ô rêveur qui penses atteindre le paradis,
Tu n’auras que cette lueur d’espérance, tu es maudit.
Parmi ce qui pourrait t’aider, il y a le sport en général :
N’abandonne pas cette activité, ton destin est infernal.
Ô nageur, toi qui a la sensation de voler,
Cette synesthésie te noie dans tes pensées.
Tu rêves d’atteindre les cieux, le paradis,
Tu n’es que dans une piscine au milieu d’inaboutis !
Ô boxeur, toi qui prends du plaisir au mal que tu commets,
Tu serais prêt à tout pour gagner, voir même tuer.
N’oublie pas que tu es encerclé par cette cage qui est ta vie,
Cette barrière qui te bloquera si tu veux atteindre le paradis.
Ô coureur, tu cours sur une piste circulaire qui n’en finit,
C’est le cycle de la vie qui comme la plaie t’anéantit.
Tu cours, tu t’essouffles, tu te fais du mal,
C’est pour cela que tu subis cette vie fatale.
Ô skieur, toi qui dévales des pistes enneigées,
Tu as l’impression d’être au paradis sur de beaux nuages.
Mais cette descente est tout bonnement ta descente en enfer.
Tu es condamné, ne l’oublie pas, tu n’iras pas vers l’éther.
Ô malheureux pêcheur qui enchaînes les erreurs,
Tu as trouvé un moyen d’échapper à tes défauts.
Tu n’as qu’à espérer, le péché originel restera,
Peu importe ce que tu emprunteras car cela te détruira !
Les forces (1912) - Alphonse Beauregard
Les forces - Consultez poèmes d'Alphonse Beauregard extraits du recueil Les forces publié en 1912.
https://www.poesie-francaise.fr/alphonse-beauregard-les-forces/
Alphonse Beauregard - Wikipédia
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Alphonse Beauregard (1881-1924) est un poète québécois. Né à La Patrie ( Compton en Québec) le , Alphonse Beauregard suit un cours commercial ...