Publié par Sacha A.-J.

I

Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles,
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
— On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.


Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :
— Un chant mystérieux tombe des astres d’or.

II

Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
— C’est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté [...]

Arthur Rimbaud, « Ophélie », Cahier de Douai (1870)

Le poème décrit la noyade d'Ophélie, un personnage de la pièce de Shakespeare, « Hamlet ». Cette scène théâtrale de disparition devient chez Rimbaud une scène poétique. Le poème évoque la beauté et la pureté du personnage. Le poète utilise des images fortes pour représenter la nature et la folie qui l'entourent, créant une atmosphère sombre. Néanmoins, la nature prodigue son amour maternel à Ophélie.

La mythique Lana dans son royaume, la nature © Sacha A.-J.

 

Lana

 

Dans les bois sombres, la nuit s'étend en silence,

La forêt se réveille, mystérieuse et intense.

Les arbres murmurent un secret médiéval ;

Le vent chuchote, en douceur, sans intervalle.

 

Là-bas, sous la lumière de la lune argentée,

Une créature surgit, mystique et enchantée.

Les étoiles dansent dans ses yeux pleins de brillance

Comme de précieux joyaux, une énigme en errance.

 

Ses cheveux, des lianes, serpentent sans fin ; 

C’est un mythe mi-homme mi-bestial très ancien.

La Nature, sa complice, l'entoure en harmonie ;

Un souffle d'énergie, une symphonie infinie.

 

Dans les bois sombres, elle est la gardienne ; 

Ses pas, des chuchotements, vont et puis reviennent.

Sous le clair de lune, elle danse avec les ombres

Dans son royaume fantastique des décombres !

 

Tag(s) : #cahier de douai, #fantastique, #1G2
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