Publié par Asya
(Fantaisie.)
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
— Petit Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse ;
— Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
Arthur Rimbaud, « Ma Bohême », Cahier de Douai, 1870
Mon chemin © Asya
Ma liberté
Je regarde cette lumière qui m'a tant de fois appelée ;
Elle m'indique mon chemin vers la liberté ;
La lumière fait briller mes traits de visage crispés ;
Mais... je me croirais presque dans un rêve enchanté !
Je valse vers mon chemin, de gauche à droite ;
Je marche au loin manquant de trébucher, quelle maladroite ;
Je tiens une bouteille à la main pour me protéger,
Comme un chevalier tenant son bouclier.
J'entends les oiseaux me chanter mon chemin ;
Je suis la route tracée de ce train ;
Je sens les fleurs me porter sur leurs pétales ;
– Quoi ? Mais ils ressemblent à du métal !
Le sol se transforme en une barrière ;
Le vent me pousse à ne plus voir en arrière ;
Le sol ne touche plus mes pieds, mais la liberté !
L'air me porte doucement vers la légèreté…