Le Dormeur du Val

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

 Arthur Rimbaud, « Ma Bohême », Cahier de Douai, 1870

Les dormeurs sous l'olivier © Mariame

 

Sous le ciel de Palestine, un ravin de lumière ;

Les oliviers ancestraux gardiens de l'histoire,

Leurs branches abattues par le temps ;

Les montagnes majestueuses gardent les échos des luttes.

 

Deux enfants au repos à l'ombre des oliviers ;

Ils ont, sous les yeux, un sourire aux lèvres ;

Leurs visages sereins, leur innocence éclairée ;  

Ils sont comme des fleurs non cueillies.

 

Main dans la main, ils dorment, souriants comme 

Souriraient des enfants qui jouent.

Ils se reposent dans l'étreinte de Morphée ;

Nature, berce-les chaudement : ils ont froid.

 

Dans l'air poussiéreux, aucun souffle ne balance ;

Ils somnolent sous le soleil doré et chaud, tranquilles.

Leurs cœurs se sont endormis pour l'éternité ;

Deux âmes, deux rêves désormais silencieux.

 

Tag(s) : #cahier de douai, #élégiaque, #1MG3
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