Publié par Anthony

Comme d’un cercueil vert en fer-blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Montrant des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort.
— La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;
Et les rondeurs des reins semblent prendre l’essor…

L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement, — on remarque surtout
Des singularités qu’il faut voir à la loupe…

Les reins portent deux mots gravés : Clara Vénus ;
— Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d’un ulcère à l’anus.

Arthur Rimbaud, « Vénus anadyomène », Cahier de Douai, 1870

       

        Rimbaud met ici en scène une pâle copie volontairement dégradée jusqu’à l’excès d’un idéal mythologique, évidemment inaccessible dans la vie. L’imposture est radicale et provocatrice.

 

L’imposteur © Anthony

 

           Voici « l'imposteur », se présentant à la vue de tous, avec son ton neutre mis en lumière, comme pour apparaitre innocent, presque fier. Il se pense original, unique, supérieur, pour pouvoir se cacher, mais de quoi ? Une faiblesse ? Paraitre un idéal de soi, se vanter de ses « talents », pour justifier intérieurement son toc de prendre tout le monde de haut ? Ou pense-t-il uniquement au regard des autres, être aimé, détesté, peu importe tant qu'il se pense reconnu par les autres ? Est-il juste médiocre ? ou est-il fainéant ? Incapable de faire autre chose que de radoter les pensées qu'il s'est approprié des autres, en pensant être acclamé pour son énième charade ? Mais… voyons, serait-ce une autocritique ?

 

L’imposteur

 

Dans l'écho des conseils, le non-sens se pavane,

Lorsqu'un étudiant se donne en spectacle,

Ses mots en panache, comme un oracle,

Soudain s'égarent dans les brumes insanes.

 

De l'extérieur, l'usurpateur s'embellit,

Mais ses deux yeux, lourds de secrets, le trahissent.  

Dans son regard, cette lueur d'hypocrisie,

Là où la vérité se perd, ses yeux ont menti.

 

Notre artiste ici cherche à tromper

Son monde, l'absurde devient prophétie :  

Ses mots empoisonnés cachent une vérité.

 

Derrière lui, le prompteur est dévoilé,

Il n'était qu'un relais, une marionnette,

Les mots sont vides et bêtement répétés.

 

Tag(s) : #cahier de douai, #1G2
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :