Publié par Ambre

 

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, — heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud, « Sensation », Cahier de Douai, 1870

 

Le poème « Sensation » nous fait part des sentiments de Rimbaud à son âge adolescent. Le poète nous parle de la nature – un thème récurrent dans ses poèmes – tout en la personnifiant dans une allégorie féminine. Il recherche dans la nature des sensations similaires à celles qu’il connaitrait dans la rencontre avec une femme.

La nature nancéienne enneigée © Ambre

 

Nature glaçante

 

L'hiver sonne, tu te vêtis de robes blanches.

Tes longs cheveux d'argent tombaient des frêles branches.

Figée, tu paraissais dormir jusqu'au printemps,

Blottie dans les bras de ce froid réconfortant.

 

Le dehors chantait ce vent, je vagabondais

Entre tes champs, autrefois couverts de jasmin,

Priant que ce novembre reste jusqu'à mai,

Priant que cet hiver reste jusqu'à demain.

 

Le froid parait tous tes paysages gelés,

Ainsi les arbres se retrouvaient dénudés.

Inlassablement, je leur avais expliqué

Qu'ils retrouveraient leurs feuilles avant l'été.

 

J'adorais passer tout ce temps à tes côtés,

Contempler ta façon de changer de saison ;

Et j'affirme sans même ton approbation :

– Ô Nature, par toi je reste fascinée !

 

Tag(s) : #cahier de douai, #1G2
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