Publié par Quentin
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
— Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
— On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, — la ville n’est pas loin, —
A des parfums de vigne et des parfums de bière…
II
— Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! — On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête… […]
Arthur Rimbaud, « Roman », Cahier de Douai, 1870
Jeune homme de dix-sept ans dans l'élan fougueux de sa jeunesse © Quentin
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans
À jouer à des jeux au lieu de travailler,
À rester des heures devant cette télé
Sans songer à rien, s'évader le plus longtemps !
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans
Quand nous faisons passer le sport avant les cours,
Jouant au volley, au foot en rentrant à la bourre,
En se disant que tout ça c'est plus important !
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans,
Partant chaque soir retrouver tous ses amis,
Allant boire à en perdre la tête à minuit,
Ou encore se promener quel que soit le temps !
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans
Quand on s'endort tard ou que l'on reste éveillé,
Des heures de sommeil qui, en les rattrapant,
Nous font gâcher tout le reste de la journée !