Publié par Sacha B.

C’est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

Tout plein, c’est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d’enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand’mère où sont peints des griffons ;

— C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

— Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires.

Arthur Rimbaud, « Le Buffet », Cahier de Douai, 1870

Le buffet personnifié a vécu beaucoup de choses, il a une âme comme un être humain : il suffit de lui donner une bouche pour qu'il nous conte ses histoires.

Tic tac, tic tac… © Sacha B.

 

Tic Tac...

 

De cette grande horloge à la main sculptée

Émane une forte odeur montant à mon nez,

Elle surgit du bois au corps très étendu

Comme un oiseau chante à corps perdu.

 

– Ô Horloge, je sais tant ce que tu ressens,

Je sais que tu aimes bien garder le silence,

Tu dévoiles tes secrets et te ronges les sangs

Et embrasses ce tic-tac nous donnant la danse.

 

C'est alors dans ta peau que s'ouvre une brèche,

Et dans tes dernières ressources tu recherches

Un moyen de ne surtout pas tout dévoiler.

 

Ô grande Horloge, toi qui ne peux faner,

Tu es hautaine, solennelle, car tu donnes le

Dans l’énorme maison où je crèche, tu crèches !

 

Tag(s) : #cahier de douai, #1MG3
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :