Publié par Tyron
Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.
Messire Belzébuth tire par la cravate
Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel,
Et, leur claquant au front un revers de savate,
Les fait danser, danser aux sons d’un vieux Noël !
Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles :
Comme des orgues noirs, les poitrines à jour
Que serraient autrefois les gentes damoiselles,
Se heurtent longuement dans un hideux amour.
Hurrah ! les gais danseurs, qui n’avez plus de panse !
On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs !
Hop ! qu’on ne sache plus si c’est bataille ou danse !
Belzébuth enragé râcle ses violons ! […]
La foule suspendue (fascinée) au pendu © Tyron
Au gibet noir, les âmes dansent en silence,
Leurs pas légers effleurent l'obscurité ;
Dans l'étreinte de la nuit, leur danse s'élance
Au bal des pendus durant l'éternité.
Leurs corps balancent telles des ombres suspendues,
Le vent murmure sa triste mélodie ;
Dans un tourbillon macabre, l'horreur continue,
Leur danse amusante captive l'infini.
Les regards vides se croisent dans l'abîme,
Leur destin funeste les unit enlacés,
Dans cette volte macabre, ils retrouvent l'estime
Et dansent ensemble, et rejouent leurs péchés.
Leur silence parle, leurs mouvements racontent
L'histoire tragique de destins brisés ;
À ce bal des pendus, quelle souffrance ! quelle honte !
Leur danse funèbre ne fait que commencer !