Publié par Nathan P.

Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques,

Qui ne recèlent point de secrets précieux ;

Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques,

Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux !

 

Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence,

Pour réjouir un cœur qui fuit la vérité ?

Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence ?

Masque ou décor, salut ! J'adore ta beauté. (...)

Charles Baudelaire, « L’Amour du Mensonge », Les Fleurs du mal (1857)  

La frugivore sirène prenant l'apparence de sa proie convoitée

La frugivore sirène prenant l'apparence de sa proie convoitée

      Abhorrer la vérité

Au moment où, frugivore sirène, 

Sonnent les cordes de ton alto boiteux, 

Les accords futiles et de peine

Sortent de ton octobasse, monstrueux.  

 

Comme déferlent les flammes

Quand j’admire dans tes yeux douteux, 

Coulures aux artifices de larmes,

Et que verse le fatras, omophage,

 

Sur le corps de ton abhorré.

Je me dis : quel somptueux paysage !

Les souvenirs à vif, royaux comme chiqués, 

Les joyaux de granit, coulent au passage.

 

Es-tu ardoise aux saveurs prépondérantes ?

Sinistrose sourire aux chimériques apparences ?

Remarquable défaillance aux jouissances bruyantes, 

Malédiction décadente ou bonnes croyances ? 

 

Là ne varient les états d’âmes

Lorsqu’au revers de la médaille, 

Aux splendides amalgames, 

Flambe la pagaille. 

 

Mais ne suffit-il pas cet imaginaire

Pour me faire laisser t’aimer ? 

Ô cieux, Anticythère ou tarière,

Paradis ou enfer, salut ! J’adore ta Beauté.

 

 

Tag(s) : #fleurs du mal, #1G4
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