La vie dans la mort

Publié par Nathan E.

Si par une nuit lourde et sombre
Un bon chrétien, par charité,
Derrière quelque vieux décombre
Enterre votre corps vanté,

À l’heure où les chastes étoiles
Ferment leurs yeux appesantis,
L’araignée y fera ses toiles,
Et la vipère ses petits ;

Vous entendrez toute l’année
Sur votre tête condamnée
Les cris lamentables des loups

Et des sorcières faméliques,
Les ébats des vieillards lubriques
Et les complots des noirs filous.

Charles Baudelaire, Sépulture, Les Fleurs du mal (1857)

© Nathan E.

Dans la nuit sombre et infinie

Résonnent des murmures et des bruits,

Les pleurs des petits et des anciens,

Comme le rire des assassins !

Vous entendrez pendant la nuit

Le rire froid des sorcières,

Dans le silence pesant du cimetière,

Surtout à l’heure de minuit !

Figé dans une froide étroite tombe,

Colonisée par les coléoptères,

Dépouillé de toute ma chair,

J’hume les fleurs depuis mes catacombes !