Publié par Youenn
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ; […]
— Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Lorsque l'humus devient une geôle suintante © Youenn
Lorsque le jour décline, telle une bougie consumée,
Noie mon âme dans une douce neurasthénie,
Le lointain paysage cesse ainsi de bouger,
Basculant alors dans la noirceur de la Nuit.
Lorsque l’humus devient une geôle suintante,
Où l’Espoir glisse comme une mesquine vipère,
J’évolue dans une zone vaseuse et mouvante,
Avalé tout entier comme un poulpe aux enfers.
Lorsque le déluge déploie son rideau de fer,
Tels d’angoissants montants d’un lugubre cachot,
Une troupe de macabres tégénaires
Englue mon âme velue pour me mener au tombeau.
Le tintement frénétique - si soudain - du beffroi,
Dont le son croît telle une lugubre litanie,
Est semblable aux revenants qui rôdent sans foi ;
Ô leur plainte déchirante écourte la nuit !