Publié par Jolan
Ta mort ne cesse de s'accomplir de s'achever
Pas simplement ta mort. morte tu l'es. il n'y a pas à en dire. et quoi? inutile
Inutile l'irréel du passé temps inqualifiable.
Mais ta mort en moi progresse lente incompréhensiblement.
Je me réveille toujours dans ta voix ta main ton odeur.
Je dis toujours ton nom ton nom en moi comme si tu étais.
Comme si la mort n'avait gelé que le bout de tes doigts n'avait jeté qu'une couche de silence sur nous s'était arrêtée sur une porte.
Moi derrière incrédule.
Jacques Roubaud, « En moi », Quelque chose noir, 1986
* L’utilisation de minuscules après un point est un choix typographique de Jacques Roubaud.
Catacombes de Paris © Jolan
Individu disparu
Ta mort ne cesse de s’accomplir, s’achever
Pas simplement cette mort, trépassé tu l’es
Devenue inutile – irréel du passé –
Ta mort en moi progresse, lente et inexpliquée
Qui s’avance et ne me restitue aucun sens
Me transmet cette étrange aphasie de violence
Me laissant m’enliser dans toute ma souffrance
Et m’achemine vers une vie de non sens
Ce morceau de ciel désormais t’est dévolu
Ton être qui, en haut dans l’air, s’est répandu
M’envoie alors sur une terre méconnue
En possession de ce bonheur discontinu
Je me réveille assidûment avec ta voix
Je dis éperdument ton nom, ton nom en moi
La mort n'avait que geler le bout de tes doigts
C'est le sourd pressentiment qu'elle laisse en moi