Publié par Samuel
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Charles Baudelaire, « L’Homme et la Mer », Les Fleurs du mal (1857)
Le contact entre l'homme et la mer : sagesse et beauté de ce lien fusionnel © Samuel
Secrets partagés
La mer que contemplent nos âmes égotistes
Reflète les cent nuances de nos esprits ;
Là, ton image s'éloigne des rivages,
Ô mer ! par tes lestes troubles tu me séduis.
Tes pensées se meuvent d'aimables louanges,
Avec tes yeux gracieux et ton regard d'ange
Tu contemples l’horizon riche et sauvage
Qui s’arrête un instant le long de tes plages.
Similairement mystérieux et curieux,
Homme, nul n'est capable de te débarrasser
De la mer ! Nul ne cherche plus à vous séparer :
Vous préférez savourer vos multiples secrets.
Depuis de longues années vous communiquez,
Vous êtes attirés par la brutalité,
Et vous ne cessez jamais de vous affronter,
Ô amis de cœur ! Détenteurs de secrets !