Publié par Anaël
Comme d’un cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;
Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort :
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l’essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates :
L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement ; on remarque surtout
Des singularités qu’il faut voir à la loupe…
Les reins portent deux mots gravés : Clara Vénus ;
— Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d’un ulcère à l’anus.
La beauté flétrie © Anaël
La Rose inattendue
Dans le jardin des plantes,
Une Rose se dresse fièrement
Mais son allure séduisante
Se transforme lentement.
Ses pétales se fanent tel un soupir,
Son parfum nonchalant se fait ressentir,
Ses épines autrefois cachées et discrètes
Se dressent avec assurance, prêtes à la conquête.
C'est une fleur étrange, presque difforme,
La beauté se fane et se transforme ;
Ses feuilles, autrefois si pures,
Se flétrissent, fléchissent, deviennent obscures.
Elle meurt peu à peu, tel un murmure,
De sa laideur qui perdure ;
La beauté est éphémère, cruelle réalité,
La Rose, autrefois magnifique, se meurt à jamais.