Publié par Zoé M.
Lui — Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein ? nous irions,
Ayant de l’air plein la narine,
Aux frais rayons
Du bon matin bleu, qui vous baigne
Du vin de jour ?…
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d’amour
De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Frémir des chairs :
Tu plongerais dans la luzerne
Ton blanc peignoir,
Rosant à l’air ce bleu qui cerne
Ton grand œil noir,
Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de Champagne,
Ton rire fou […]
— Puis, petite et toute nichée
Dans les lilas
Noirs et frais : la vitre cachée,
Qui rit là-bas…
Tu viendras, tu viendras, je t’aime !
Ce sera beau.
Tu viendras, n’est-ce pas, et même…
Elle. — Et mon bureau ?
Arthur Rimbaud, « Les Reparties de Nina », Cahier de Douai, 1870
« Les Réparties de Nina » mettent en scène le lyrisme bucolique d’un jeune amoureux qui se projette dans un avenir radieux avec son aimée. Il est bientôt déçu par sa réponse terre à terre, matérialiste.
Notre plage d'aventures sans fin, de moments au soleil, de souvenirs inoubliables © Zoé M.
Nous irions
Lui – Nous irions sur cette plage,
Nos doux visages miroitant au soleil,
Assis face à la mer, rêvant de voyage,
Vos yeux semblables à une merveille !
Vos lèvres associées aux miennes,
J'aimerais que ce moment dure toujours,
Et vos yeux bleus où je me baigne,
Muets d'amour !
Le chemin du retour parsemé d'obstacles
Ne me semblerait rien, pris dans votre beauté ;
Me lasser de vous serait un miracle,
Les vagues déjà loin dansent avec légèreté !
J'imagine déjà notre futur radieux,
Rêvant d'ici ou d'ailleurs,
Tout serait parfait tant qu'il ne reste que nous deux,
Ne priant plus pour vivre dans un monde meilleur !
Ô si chère et douce et parfaite Nina !
Votre sourire éclatant jamais ne se défait,
Vous apparaissez telle une étoile qui brille avec éclat ;
Votre nom sera gravé dans ma mémoire à jamais !
Accordez-moi la chance de mieux vous aimer,
Imaginez-nous dans un monde aux rêves fous
Où nous contempler occuperait nos journées ;
Alors, qu'en dites-vous ?
Elle – Mais je dois y aller, il est déjà tard !