Publié par Louka
Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre, la pluie court horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles elle se suspend en berlingots convexes. Selon la surface entière d’un petit toit de zinc que le regard surplombe, elle ruisselle en nappe très mince, moirée à cause de courants très variés par les imperceptibles ondulations et bosses de la couverture. De la gouttière attenante où elle coule avec la contention d’un ruisseau creux sans grande pente, elle choit tout à coup en un filet parfaitement vertical, assez grossièrement tressé, jusqu’au sol où elle se brise et rejaillit en aiguillettes brillantes […].
Francis Ponge, « La Pluie », Le Parti pris des choses (1942)
Le royaume léger des cieux inaccessible à notre corps pesant © Louka
Comme un tourbillon de baisers,
Le vent chuchote à l'oreille des feuilles.
Conteur des histoires et des secrets,
Il ne s'arrête devant aucun seuil.
Parfois doux comme la bise,
Jouant une mélodie gracieuse sur nos visages,
Souvent violent aux multiples prises,
Il emporte tout au creux de son sillage.
Son souffle libre et sans frontière
Offre une danse opportune,
Un rythme endiablé sans barrière
À travers les prairies et les dunes.
Tantôt gardien des portes des cieux,
Royaume interdit à notre pauvre corps,
Tantôt protecteur de la colère des dieux,
Repoussant les tempêtes sans aucun effort.